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Le débarquement des frères : copinage et culture de masse

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Je n'ai pas vu Le Débarquement, programmé le vendredi 18 janvier, à grand renfort de publicité, par Canal plus. Je ne l'ai pas vu, je pense que je le verrai un jour, même si Canal ne me fait plus vibrer depuis longtemps. Où est le temps où, jeune adolescente, je recevais amoureusement le coffret des dix ans de la chaîne grâce auquel je me repaissais des meilleurs moments des Nuls et des Guignols ?

Je ne l'ai donc pas vu mais j'ai suivi avec intérêt l'avalanche de tweets que l'émission a déclenchée et qui m'a rappelée celle qui avait accompagné la sortie du film Comme des frères, quelques semaines auparavant. Ce film, lui, à mon grand regret, je l'ai vu. C'est sans doute le plus mauvais que j'ai vu depuis bien longtemps : scénario indigent, contournement maladroit et facile de toutes les difficultés, mise en scène complaisante, blagues qui ne font rire que leurs auteurs. Radiostars, dans le même genre du "road-movie entre potes", avait paru plus convaincant. Pierre Niney et même Mélanie Thierry faisaient de leur mieux, mais à un tel niveau d'inconsistance, ils ne pouvaient plus grand chose. Malgré cela, la plupart des critiques professionnels ont été d'une extrême indulgence envers ce film d'Hugo Gélin, parent à plusieurs degrés de grands noms du cinéma français. Etait-ce la crainte de ne pas en être alors que nous approchions du réveillon du jour de l'an ? Sur Twitter, famille et amis du réalisateur, des acteurs et des scénaristes se relayaient pour faire une claque obsédante qui a eu pour effet de provoquer des tweets positifs de twittos anonymes sans pour autant se traduire par une fréquentation des salles qui, bien que raisonnable, puisse égaler la puissance du battage médiatique. En définitive, le film avait surtout été porté par la connivence entre les critiques et des familles influentes du monde du cinéma, le tout étant exacerbé par Twitter, par le sex appeal de Nicolas Duvauchelle, le caractère débonnaire de François-Xavier Demaison et, heureusement tout de même, le talent du jeune Pierre Niney. Le fond n'avait que peu d'importance, il convenait à ce petit milieu qui s'y reconnaissait (une vie dans laquelle l'argent ne constitue jamais un problème, par exemple), il proposait des "private joke" qui devaient séduire le public par le sentiment de connivence qu'il devait provoquer chez lui.

 

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Mais revenons-en au Débarquement. Comme dans le cas de Comme des frères, ce programme reposait essentiellement sur une brochette d'acteurs très aimés du public pour leur humour ou leur sex appeal : Dujardin, Canet, Doutey principalement. Les autres en étaient en raison de leur lien d'amitié, ou plus si affinités, avec les précédents et seuls les "jeunes talents" avaient vraisemblablement été choisis sur casting, ce qui contribuait à faire passer les premiers pour de gentils philanthropes soucieux d'aider la jeune génération. Là encore, la "private joke" a semble-t-il dominé mais n'a pas réussi, cette fois-ci, à créer le sentiment de connivence qu'avait provoqué Comme des frères. L'audience (650 000 téléspectateurs) a été décevante et surtout, Twitter a totalement plombé l'émission. Dès les premières minutes, le jugement de nombre de twittos a été sans appel et, pour risquer le calembour, beaucoup d'entre eux ont littéralement préféré débarquer avant la première demi-heure. En cause, une écriture baclée et des textes lourds et vulgaires. Pour la twittosphère, ce sont les "jeunes talents" qui s'en sortent le mieux et qui, au lieu de jouer les faire-valoir, sauvent un peu la mise. On y retrouve Pierre Niney, un peu éclipsé ici par Camille Solal et Antoine Gouy, dont les lecteurs réguliers de ces pages savent qu'il n'est plus une découverte pour Vialation depuis longtemps.

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Entre Comme des frères et Le Débarquement, il y a bien sûr eu la polémique Depardieu et surtout, la polémique Maraval qui, en période de crise, ne peuvent manquer de laisser des traces. Au delà, retenons également que le talent de "jeunes inconnus" n'est peut-être pas un aussi mauvais choix économique que certains le pensent et que, dans ce cas également, il pourrait être bon de dépasser le choc des générations. Certains, même si c'est par défaut, semblent enfin le comprendre. En ce 18 janvier, l'autre débarquement se passait sur OCS, le bouquet cinéma et séries d'Orange, qui rame un peu depuis ses débuts. En plus d'un partenariat avec HBO, Orange, comme Canal Plus, a misé sur la création avec, certes, des moyens moindres, mais une qualité qui est visiblement au rendez-vous comme en témoignent les premiers épisodes de Lazy Company, une sorte de Septième compagnie du XXIe siècle. De jeunes auteurs : Samuel Bodin et Alexandre Philipp, de jeunes acteurs : Alexandre Philipp également, Alban Lenoir, Antoine Lesimple, Benoît Moret (et Gouy toujours, eh oui) et débuts prometteurs avec une sélection au festival de l'Alpe d'Huez. Seule crainte : que le cocktail s'épuise sur la longueur. 

Comme des frères, Hugo Gélin, Le Débarquement, Jean Dujardin, Guillaume Canet, Antoine Gouy, Lazy Company

 

 


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